Test des VIBRAM BIKILA Evo femme par une coureuse de 40 ans qui court depuis presque 10 ans, au début par nécessité dans le but de perdre du poids et aujourd'hui par passion !
Les personnes qui courent depuis plus de 20 ans ont parfois du mal à se remettre en question sur la façon de courir et tant que les blessures et les douleurs ne surviennent pas, les coureurs restent attachés à leur paires de baskets traditionnels.
Pour mon cas, je ne tenterai jamais l'expérience du fait de ma foulée supinatrice nécessitant des semelles orthopédiques.
Mais si votre foulée est universelle comme Delphine, pourquoi ne pas tenter une nouvelle expérience ?
Delphine, notre testeuse, commençait à avoir des douleurs aux lombaires et aux genoux sans raisons médicales particulières et a donc décidé de passer progressivement au Vibram en alternant avec ses ASICS Gel Nymbus 16 muni d'un très bon amorti.
Nous allons suivre ses étapes pas à pas pendant 45 jours mais avant tout quelques notions de la course dite minimaliste et vérifions ce qu'en disent les podologues.
1 - Course minimaliste
La course minimaliste a été rendue populaire dès 2009, suite à la sortie du livre du "Born To run" de Christopher Macdougall qui malgré les chaussures avec amortis avait des douleurs qui l'empêchaient de courir à son maximum. Avec ces chaussures minimalistes, Christopher a réappris à courir et n'a plus eu ces douleurs d'articulation très contraignantes.
A vouloir protéger nos articulations, nous avons modifié notre façon de courir en utilisant des baskets avec amortis au talon.
Le schéma ci-dessous nous montre les différents amortis entre une foulée pied nu et une foulée avec chaussures.
2 - Qu'en disent les podologues ?
Daniel Benjamin, podologue à Paris, dans son blog nous explique concrètement (avec des chiffres) pourquoi les personnes pratiquant le barefoot running ne sont pas moins blessés que ceux qui courent chaussés. Son article est ici
Je vous réécris juste sa conclusion très pragmatique : "Je mets beaucoup de passion et de cœurs à lutter contre des idées fausses que tentent de faire véhiculer les lobbyistes pour vous vendre leur came mais mon opinion est la suivante : si vous êtes relativement bien fichu avec une cambrure d’arche plantaire du pied honnête (ni trop ni pas assez), des genoux à peu près axé (pas de genoux cagneux ou jambes arquées), un bassin relativement équilibré (pas de bascule du bassin ni de différence de longueur de membre inférieur trop importante), un dos bien axé (peu d’inflexion scoliotique) et que vous ne présentez pas d’antécédents de blessures chroniques ou importantes vous pouvez vous mettre barefoot running sans problèmes. Transitez tranquillement en suivant les conseils des nombreux bouquins ou site web sur le sujet et vous avez très peu de chance de mal tolérer l’expérience car vous avez un appareil locomoteur quasi-parfait, faites-vous plaisir tant que vous voulez. Pour les sportifs ayant des dysfonctionnements biomécaniques notables, des antécédents de blessure important, des blessures récurrentes ou une foulée instable il est fortement conseillé de passer votre chemin, en vous mettant au minimaliste vous cherchez clairement les problèmes, je n’ai rencontré jusqu’à présent aucun coureurs blessés ou présentant des difficultés avec sa foulée ayant été sauvé par le barefoot running." Daniel Benjamin @PodologueParis
3 - Test en live de Delphine
Première bonne sensation de la chaussure avec les doigts de pieds en mode libéré, délivré, free ...
Pas facile au début de chausser ses VIBRAM : Les doigts de pieds qui se collent dans le même trou de pied, faut réussir à les dompter !!!
Jour 1 : Séance de 2km comme préconisé dans tous les manuels de bon usage de la VFF! Cette sensation d'être pieds nus est extraordinaire !
Premier réflexe est de poser le talon fermement ... Puis très vite ton talon et ton mollet te rappellent que tu es sans l'amorti de tes baskets .... ok on recentre la foulée et là... Tout va mieux. Quelques étirements après cette séance mais les courbatures commencent à se ressentir.
Jour 2 : les courbatures oui elles sont là :) Les mollets tirent un peu.
Jour 3 : Séance de 3,5km. Les courbatures aux mollets et aux cuisses sont vite parties et surtout les lombaires sont absolument indolores.
Je commence par 2km avec mes running classiques pour me mener sur un parcours de promenade. Je continue avec mes VIBRAM et là c'est frappant : cette sensation d'avoir le pied tellement léger, je sens clairement la différence. Ma foulée devient plus courte, je maîtrise mieux la position du pied et du dos. Je me déhanche moins qu'avec mes baskets de running.
Au bout de 3,5 km, presque à contre coeur, je remets mes baskets pour finir la course et rentrer.
Je vois sur les temps que lorsque j'ai mes VIBRAM, je cours moins vite peut-être par prudence mais pas parce que j'ai mal. Aucune fatigue musculaire cette fois mais peut être parce que j'ai fini avec les running, je ne sais pas ... Mes étirements, toujours en fin de séance me font du bien.
Jour 4 : Repos
Jour 5 : Sortie longue tranquille mais sans les VIBRAM
Jour 6 : Repos
Jour 7 : Sortie longue tranquille mais une fois encore sans les VIBRAM . Je me programme ça demain midi ou soir à voir ... D'autant que j'ai une légère douleur sur le mollet droit. Est-ce lié aux VIBRAM ?
Jour 8 et Jour 9 : Repos
Jour 10 : Sortie longue tranquille mais sans les VIBRAM, ne serait-ce pas un signe d'un manque de motivation pour courir avec les VIBRAM ?
Jour 11 et Jour 12 : Repos
Jour 13 : Séance de 4km
Cette fois, j’emmène mon fils en remorque spéciale Jogger.
Je pensais au départ que ça allait m’handicaper mais au contraire ! Le fait de devoir pousser, naturellement, on se penche un peu plus en avant. Alors je finis à 4,27 km en 28’21. Mes mollets commençaient à tirer doucement et toujours pas de douleur au dos. Mais aussi aucune douleur au talon d'Achille malgré un léger surpoids par rapport au préconisation des VIBRAM et J’ai bien compris qu’il ne fallait pas hésiter à atterrir sur la pointe des pieds (comme lorsqu’on est pieds nus et qu’on ne veut pas réveiller les enfants à coté). C’est vrai que c’est étrange cette façon de courir mais ça vient naturellement car on veut éviter le choc trop brutal avec le talon et du coup, j’ai vite eu tendance à atterrir sur la pointe.
Jour 14 : Mes mollets sont douloureux encore mais c’est amplement supportable toujours. Ce soir, 12,6 km avec mes Asics et 2 km en foulée minimaliste.
Jours 15, 16, 17 : Repos
Jour 18 : 14 km à La citadelle de Lille en Asics
Jours 19, 20 : Repos
Jour 21 : 12,89 km en Asics
Jour 22 : Repos
Jour 23 : 5 km en Vibram.
J'ai mal encore aux mollets le lendemain, normal je ne les ai pas touchées depuis 9 jours.
Mais comme ma course est plus lente et que malgré les Asics je cours sur la pointe des pieds, souvent la douleur passe vite. Dès le lendemain, je n’ai plus rien.
Jours 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30 et 31 : Repos forcé de 8 jours suite à une chute sur la cheville.
Jour 32 : 15km avec Asics pour tester la cheville et tout est ok
Jours 33, 34 : Repos
Jours 35 : 6 km avec les Asics et jogging écourté pour cause de chaleur et douleur au genou.
Jour 36 : Repos
Jour 37 : 11,7 km en Asics et remorque.
Jour 38 : Retour des Vibram pour une balade de 5,45 km.
Mes temps avec les Vibram sont toujours plus lents car je fais attention à ne pas aller trop vite pour que mon corps s’habitue, enfin mes mollets surtout.
36 mn tranquille pour un peu plus de 5km mais ce n'est que du bonheur en forêt.
Jours 39, 40 : Repos
Jour 41 : Retour en courant avec mes Asics mais en pensant à la foulée minimaliste. Maintenant lorsque j’ai mes Asics, j'ai l'impression que ma foulée n’est plus si naturelle que ça et lorsque j’ai mes Vibram, je reprends ma course sur la pointe très naturellement. Il m'est plus difficile de corriger ma foulée avec mes Asics en course talonnée qu'avec mes Vibram en course minimaliste.
Jour 42 : Repos
Jour 43 : 7km avec mes Asics
Jours 44, 45 : Repos
Jour 46 : Sortie longue avec mes Asics et aussi les Vibram sur un terrain plat et détrempé.
Je chausse en premier les FiveFinger et go pour un parcours mixte. Dès le 3ème km, je sens déjà des tensions dans les mollets. C'est l'été donc courir sur un terrain humide n'est pas si désagréable, je ne crois pas que ce sera le cas cet hiver ?
D’ailleurs après 6,7 km en Vibram, je chausse mes Asics et chaussettes et je suis contente de trouver la chaleur des chaussettes et 8,5 km avec les Asics.
Les temps entre les 2 courses, sur le même parcours ne sont pas si éloignés : 6:59min/km en Vibram vs 6:06min/km en Asics. Par contre, ce qui me surprend, c’est le poids des Asics, je les sens lourdes (Gel Nymbus 16) et j'ai du mal à revenir à une course talonnée. Alors le lendemain, je morfle un peu niveau mollet. Par contre, quel bonheur coté lombaire et genou malgré la sortie longue !
Conclusion : Cela fait 1mois ½ que je pratique la course minimaliste et j’en vois déjà les bienfaits physiquement. Par contre, au regard des courbatures aux mollets, je confirme qu’il faut vraiment du temps avant d’avoir une course fluide et sans courbatures ! On me parle de 8 à 12 mois, je le comprends aisément. Même si ce qui me surprend à chaque fois c’est que les courbatures ne durent pas, 24h tout au plus.
Maintenant à vous de voir, faites votre expérience et envoyez-moi vos commentaires.